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Le commerce international, en perpétuelle expansion, se heurte aujourd’hui à des exigences environnementales sans précédent. Alors que la croissance des échanges de biens dépasse régulièrement les prévisions, les régulateurs et les acteurs de la société civile exigent davantage de transparence et de responsabilité de la part des importateurs. Dans ce contexte, l’Union européenne a renforcé sa législation à travers le Green Deal, la taxonomie européenne et le futur règlement Deforestation, plaçant la durabilité au cœur de chaque opération transfrontalière. Comprendre comment le numéro EORI s’inscrit dans cette ambition constitue un enjeu majeur pour chaque entreprise cherchant à concilier performance économique et respect de la planète.
Initialement conçu comme simple identifiant douanier, le numéro EORI (Economic Operators Registration and Identification) a progressivement gagné en importance, devenant un véritable levier de conformité pour les importations. Il facilite non seulement le suivi des flux physiques, mais permet aussi de croiser efficacement données douanières et informations environnementales. Fort de plus de 7 millions d’opérateurs enregistrés dans l’Union européenne, avec un taux de détection de fraudes supérieur à 15 % grâce aux mécanismes automatisés, ce code unique se révèle être un maillon central dans la chaîne de contrôle et de vérification.
Au fil de cet article, nous mettrons en lumière comment l’EORI peut renforcer la conformité environnementale des importations, en détaillant les différents volets réglementaires, les mécanismes de traçabilité, les cas d’usage concrets, mais aussi les bonnes pratiques d’intégration dans les systèmes d’information et la gouvernance associée. À l’issue de cette analyse, chaque acteur sera en mesure de structurer une démarche proactive, optimisant ses flux et répondant aux attentes des parties prenantes tout en anticipant les évolutions à venir.
Le cadre réglementaire européen se complexifie constamment pour mieux protéger l’environnement. Les importateurs se trouvent désormais soumis à des obligations variées, allant de la gestion des substances chimiques à la lutte contre la déforestation importée. Pour garantir la conformité, la Douane et la Direction Générale Environnement (DG ENV) ont renforcé leur coopération, développant des procédures de contrôle communes et partageant les bases de données. Dans ce paysage en mutation rapide, l’EORI constitue le point de convergence entre les exigences douanières et environnementales, permettant de consolider les informations dans un référentiel unique et fiable.
Au cœur de cette logique, trois axes majeurs gouvernent la conformité environnementale à l’importation : la déclaration et l’enregistrement des substances chimiques (REACH), le signalement des déchets dangereux via la base SCIP, et l’éco-modulation des emballages et équipements. Chaque dispositif dispose de ses propres procédures de vérification et de sanctions, mais l’EORI offre un fil rouge, assurant la traçabilité inverse de chaque flux et facilitant la mise en œuvre de contrôles croisés automatisés. Ainsi, les opérateurs disposent d’un outil puissant pour anticiper les risques et garantir la légalité de leurs opérations.
Le règlement REACH impose aux importateurs d’enregistrer les substances chimiques commercialisées dans l’Union européenne, sous peine de sanctions financières et de blocage douanier. Depuis son entrée en vigueur, plus de 25 000 dossiers d’enregistrement ont été déposés auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), avec un volume annuel moyen supérieur à 200 000 tonnes de substances traitées. Le numéro EORI permet de relier chaque importation à son dossier REACH, grâce à un couplage direct entre l’identifiant de l’opérateur, le numéro d’enregistrement et les classifications chimiques. Cette connexion garantit une pré-validation automatique lors du passage en douane et réduit significativement les délais d’instruction.
La base SCIP vise à recenser tous les articles incorporant des substances identifiées comme extrêmement préoccupantes (SVHC). Les importateurs d’équipements électroniques et d’emballages ont désormais l’obligation de déclarer chaque produit par le biais de ce référentiel. Grâce à l’EORI, il est possible de cartographier précisément les volumes déclarés, d’identifier les opérateurs et de croiser ces données avec les autorisations et certificats environnementaux. Les douanes peuvent ainsi déclencher des contrôles ciblés, s’assurant que chaque lot importé respecte le cycle de vie vertueux imposé par la réglementation.
L’éco-modulation vise à ajuster les contributions financières des importateurs en fonction de l’impact environnemental réel des produits (poids, recyclabilité, présence de substances nocives). Pour les emballages, les piles et les équipements électriques, les taux varient désormais selon des critères précis, modulés par l’éco-organisme concerné. Le numéro EORI permet de centraliser les volumes déclarés, d’établir un historique fiable des contributions versées et de nourrir les systèmes de reporting automatisé. Résultat : une transparence accrue pour les autorités et une incitation forte pour les opérateurs à privilégier des conceptions plus durables.
Dans un contexte où la chaîne logistique s’étend à des centaines de points d’étape, la traçabilité fine des marchandises constitue un enjeu stratégique. Le numéro EORI, en tant qu’identifiant unique, offre la possibilité de coupler chaque importation aux références produit (codes SH, UFI, GTIN) et ainsi de suivre l’historique complet des biens importés. Ce suivi s’étend aussi bien aux volumes qu’aux incidents déclarés, facilitant la préparation des audits et permettant de démontrer en quelques clics la conformité aux exigences environnementales et douanières.
Au-delà de la simple traçabilité, l’EORI garantit la fiabilisation des procédures de dédouanement. En paramétrant des règles de pré-validation des déclarations environnementales, les autorités accordent un traitement prioritaire aux opérateurs à jour de leurs obligations. Cette reconnaissance, formalisée dans les systèmes douaniers, permet non seulement de réduire les délais de passage, mais aussi de limiter les risques de blocage et de pénalités. Pour les importateurs, c’est une assurance de fluidité et de sécurité juridique, tout en participant activement à la réduction de l’empreinte carbone des flux.
Le couplage du numéro EORI avec les codes SH (nomenclature douanière), les codes UFI (fiches de sécurité chimiques) et les GTIN (référencement commercial) crée un lien indéfectible entre chaque expédition et la réglementation applicable. Cette architecture de données permet de générer automatiquement les déclarations environnementales requises, de détecter les anomalies et les dissemblances avant le franchissement de la frontière et d’archiver l’ensemble des documents pour des audits futurs. Les opérateurs bénéficient ainsi d’une vision consolidée de leurs flux, tandis que les autorités disposent d’un outil de contrôle renforcé.
Les plateformes douanières intègrent désormais des modules d’évaluation du niveau de conformité environnementale. En se basant sur le statut du numéro EORI, ces modules peuvent émettre un certificat de conformité préalable, garantissant un passage rapide en douane. Les entreprises respectueuses de leurs obligations légales voient leurs déclarations validées en quelques minutes, tandis que les anomalies sont automatiquement signalées pour vérification approfondie. Ce processus contribue à décharger les services douaniers et à limiter les retards, grâce à un flux d’information rationalisé et sécurisé.
La mise en place de plateformes nationales, telles que DELTA en France, et de bases de données européennes, a permis de créer un réseau d’échanges constants entre les services douane, la DG ENV et les acteurs privés. Le numéro EORI sert de clé de voûte à ces échanges, assurant une cohérence parfaite entre déclarations, certificats et rapports d’audit. Les opérateurs peuvent accéder à leur historique, préparer des états trimestriels et partager directement les documents avec les éco-organismes, rendant la gouvernance plus participative et fiable.
L’EORI ne se limite pas à un simple code administratif. Dans la pratique, il devient l’instrument central de différents processus critiques. Nous examinerons ici trois cas d’usage illustrant sa valeur ajoutée : la gestion des éco-contributions, la conformité REACH/SCIP et la mise en œuvre du mécanisme CBAM. Chacun de ces exemples met en évidence comment l’identifiant unique améliore l’efficience, réduit les risques et facilite la collaboration entre les parties prenantes.
Les éco-organismes tels que Citeo ou Éco-Emballages exigent des reportings réguliers sur les volumes importés. En centralisant les données via l’EORI, les entreprises peuvent calculer précisément leur contribution, en distinguant les emballages en verre, plastique ou métal, ainsi que les piles et batteries. Les volumes sont automatiquement agrégés, génèrent des bordereaux de versement et alimentent les systèmes des éco-organismes sans ressaisie manuelle. Résultat : un gain de temps considérable, une réduction des erreurs et une meilleure anticipation des coûts annuels.
Dans le domaine chimique, la liaison entre le numéro EORI et les enregistrements REACH permet d’assurer que chaque importation est couverte par un dossier complet et validé. Lorsque les produits contiennent des substances SVHC, les données nécessaires sont relayées vers la base SCIP sous l’identifiant de l’opérateur. Ainsi, chaque modification de formulation déclenche automatiquement une mise à jour du référentiel, sans risque d’omission. Les autorités peuvent vérifier en temps réel si un importateur respecte les interdictions ou restrictions, garantissant une supervision plus efficace.
Le Carbon Border Adjustment Mechanism (CBAM) impose aux importateurs de déclarer les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées à leurs biens. En identifiant les opérateurs assujettis via l’EORI, les plateformes européennes facilitent la collecte des données d’émission, le calcul des ajustements tarifaires et le reporting à la Commission. L’EORI sert à tracer chaque flux jusqu’à la source des matières premières, garantissant un audit complet des émissions « du puits à l’usine ». Cette transparence renforce la crédibilité du mécanisme et incite à des pratiques de sourcing plus sobres en carbone.
L’efficacité de l’EORI dépend largement de son intégration dans les ERP (Enterprise Resource Planning), TMS (Transport Management System) et EMS (Environmental Management System). Créer un champ dédié « Numéro EORI » avec des règles de validation formelles permet d’automatiser les contrôles croisés, d’écarter les opérateurs non enregistrés et d’alerter immédiatement en cas de liste noire. Un tel paramétrage garantit la cohérence des données, réduit les interventions manuelles et améliore la capacité de réponse en cas de contrôle officiel ou d’audit interne.
La mise en place d’une chaîne de traçabilité auditable repose également sur une journalisation fine des événements : importations, déclarations environnementales, mises à jour, contrôles et rapports d’exception. Ces logs constituent la preuve irréfutable du respect des procédures et peuvent être extraits pour générer des rapports consolidés destinés aux autorités, aux investisseurs ou aux parties prenantes. Enfin, la connectivité avancée via API avec les portails douaniers et les plateformes d’E-certificats renforce la fluidité et la sécurité des échanges de données.
Pour qu’un champ EORI soit réellement exploitable, il doit être intégré dès la création de la fiche fournisseur ou client dans l’ERP. Des règles de validation contrôlent la longueur, le format et la cohérence avec les données nationales. Le TMS, quant à lui, s’appuie sur l’EORI pour orchestrer les transports, prévoyant l’émission automatique des documents douaniers et environnementaux. Enfin, l’EMS peut importer ces données pour suivre les indicateurs clés (tonnages, émissions, substances toxiques) et déclencher des alertes en cas de dérive, assurant une maîtrise totale du cycle de vie des produits.
Une traçabilité digne de ce nom exige une journalisation exhaustive : chaque flux importé, chaque déclaration REACH, chaque mise à jour SCIP et chaque versement d’éco-contribution génèrent un événement horodaté. Ces logs sont stockés de manière sécurisée, garantissant l’intégrité et la traçabilité des informations. En cas d’audit interne ou d’inspection douanière, les rapports consolidés, extraits en quelques clics, démontrent la conformité de bout en bout, limitant ainsi les risques de pénalités et assurant une réponse rapide aux demandes des autorités.
Les API permettent aujourd’hui de connecter les systèmes d’entreprise aux portails douaniers (Import Control System, DELTA) et aux plateformes d’E-certificats (CITES, FLEGT). Cette intégration directe évite les ressaisies, diminue les délais et sécurise les échanges. Par ailleurs, la blockchain émerge comme solution de certification immuable : chaque transaction EORI pourrait être enregistrée dans un registre distribué, garantissant une preuve indélébile de la conformité environnementale. Si cette technologie en est encore à ses prémices, elle ouvre des perspectives prometteuses pour la fiabilité et la transparence future.
La réussite de l’intégration du numéro EORI dans la stratégie environnementale d’une entreprise repose sur une gouvernance interne claire. Le service douane travaille en étroite collaboration avec la direction RSE/Environnement et la direction générale, définissant les processus de maintenance et de mise à jour des numéros EORI. Un pilotage transversal assure la cohérence des actions, de l’obtention initiale du code à son renouvellement ou sa modification en cas de fusion, d’acquisition ou de changement d’adresse.
Les prestataires externes (commissionnaires en douane, courtiers, auditeurs environnementaux) jouent également un rôle clé. Des partenariats structurés avec les éco-organismes et les bureaux de contrôle facilitent le partage d’informations, l’organisation d’audits conjoints et la validation des pratiques. Enfin, la formation et la sensibilisation des équipes aux enjeux EORI & environnement sont indispensables : workshops réguliers, modules e-learning et retours d’expérience garantissent une montée en compétence continue.
Mettre en place un comité de pilotage réunissant douane, RSE et finance permet de suivre en temps réel l’évolution des obligations, d’ajuster les procédures et de prioriser les actions. Chaque modification législative (CBAM phase 2, Deforestation Regulation 2025) entraîne une révision du processus de gestion de l’EORI. Ce pilotage actif évite les ruptures de conformité et assure un alignement constant entre la stratégie environnementale et les opérations commerciales.
Les commissionnaires en douane, indispensables pour le dépôt des déclarations, doivent être sensibilisés aux liens entre EORI et exigences environnementales. Les auditeurs externes vérifient la correcte application des processus, tandis que les éco-organismes apportent leur expertise sur les calculs d’éco-contributions. Cette chaîne partenariale, coordonnée via le numéro EORI, garantit une vision partagée des responsabilités et des performances, limitant les zones d’ombre et sécurisant l’ensemble des flux importés.
Des modules de formation dédiés, couvrant à la fois les aspects techniques du numéro EORI et les obligations environnementales associées, sont essentiels pour assurer la montée en compétence des équipes import/export. Des workshops internes, animés par des retours d’expérience de PME ou d’enquêtes douanières, permettent de partager les bonnes pratiques et d’enrichir la base de connaissances. Enfin, le suivi de tableaux de bord communs crée un langage partagé entre les services et renforce l’adhésion à la démarche de conformité globale.
Pour garantir le cycle de vie optimal du numéro EORI, il convient de formaliser un processus d’obtention, de renouvellement et de modification clair, incluant des alertes automatiques avant expiration ou suspension. Des audits internes réguliers, appuyés par des check-lists recensant à la fois les exigences douanières et environnementales, permettent de détecter les anomalies et de mettre en œuvre rapidement un plan d’actions correctif. Le reporting trimestriel, présenté au comité de direction, assure la transparence et facilite la prise de décision.
À l’horizon des prochaines évolutions européennes – phase 2 du CBAM, règlement Deforestation effectif en 2025 – l’EORI se positionne comme un véritable tableau de bord stratégique. En exploitant les données accumulées, les entreprises peuvent anticiper les impacts, ajuster leur sourcing et piloter leur transition écologique avec précision. Au-delà de la simple conformité, l’identifiant devient source d’innovation et de compétitivité durable.
En adoptant une démarche proactive, en digitalisant leurs processus et en favorisant la collaboration pluridisciplinaire, les importateurs peuvent transformer le numéro EORI en un levier de performance globale. Ils renforcent leur image RSE, optimisent la gestion des risques et se préparent efficacement aux défis environnementaux de demain.