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À l’heure où les échanges de biens et services entre les États membres de l’Union européenne connaissent une intensification sans précédent, la gestion et la sécurisation des flux logistiques deviennent des enjeux majeurs pour les entreprises. En 2022, le commerce intracommunautaire de marchandises a atteint près de 3 800 milliards d’euros, soulignant l’importance d’un cadre réglementaire harmonisé. Dans ce contexte, l’instauration d’un système d’identification unique, lisible par l’ensemble des administrations douanières, s’avère indispensable pour garantir la traçabilité, la conformité et la fluidité des échanges au sein de cet espace économique.
Le numéro EORI, acronyme de Economic Operator Registration and Identification, a été mis en place par le règlement (UE) n° 312/2011, dit Code des douanes de l’Union. Il constitue un identifiant unique attribué à tout opérateur économique souhaitant réaliser des opérations de commerce international, qu’il soit importateur, exportateur ou simplement transitant par le territoire douanier de l’Union européenne. Ce standard européen remplace et unifie les différents systèmes d’identification nationale, offrant une vision consolidée des opérateurs actifs sur le marché commun.
Pour les entreprises françaises, l'obtention du numéro EORI n’est pas seulement une formalité administrative : elle s’inscrit dans une obligation légale stricte avant toute opération d’importation ou d’exportation. Au-delà du cadre légal, l’EORI apporte de nombreux avantages en termes de gain de temps, de réduction des erreurs de saisie et de sécurisation des échanges. Les démarches sont centralisées, la communication avec les services douaniers est optimisée, et la traçabilité des marchandises bénéficie d’une meilleure visibilité tout au long de la chaîne logistique.
Depuis l’instauration du marché unique en 1993, les frontières intérieures de l’Union européenne sont devenues des portes ouvertes favorisant la libre circulation des marchandises. Cette dynamique a favorisé l’émergence de chaînes de valeur étendues, où chaque produit peut être fabriqué par étapes successives dans plusieurs États membres. Toutefois, le volume croissant des échanges a également complexifié les contrôles douaniers et la gestion des opérations transfrontalières. Pour répondre à ces défis, l’UE a privilégié une harmonisation des procédures, avec pour objectif de réduire les délais et d’assurer la sécurité des approvisionnements.
La suppression des droits de douane à l’intérieur de l’Union a stimulé les échanges, mais a également mis en lumière la nécessité d’un système d’enregistrement unique pour identifier les opérateurs. Avant l’EORI, chaque pays disposait de son propre mécanisme, entraînant des lourdeurs administratives pour les entreprises actives sur plusieurs marchés. De 2005 à 2015, l’Union a mené plusieurs études d’impact démontrant que l’absence d’un numéro commun engendrait des retards de livraison estimés à plusieurs millions d’euros chaque année.
Face à ce constat, la Commission européenne a proposé le Code des douanes de l’Union, entré en vigueur le 1er mai 2016, qui officialise le dispositif EORI. Depuis cette date, toute entreprise, qu’elle soit basée en France, en Allemagne ou à l’extérieur de l’UE, doit disposer de cet identifiant pour réaliser des opérations douanières. L’objectif affiché est double : simplifier la démarche pour les opérateurs et renforcer la sécurité des flux en permettant aux administrations de suivre plus précisément les mouvements de marchandises.
Le numéro EORI est constitué d’un code pays de deux lettres – FR pour la France –, suivi d’un identifiant interne, souvent le numéro SIREN ou un autre numéro national pour les acteurs étrangers. Par exemple, une entreprise française enregistrée utilisera le format FR123456789. Cette structure garantit l’unicité de l’opérateur au sein du territoire douanier de l’Union. Plus de 5 millions de numéros EORI ont été attribués à ce jour, témoignant de l’importance du dispositif pour les filières industrielles, agricoles ou commerciales.
Ce numéro figure sur l’ensemble des documents douaniers : déclarations en douane, factures commerciales, certificats d’origine, et toute correspondance officielle portant sur des opérations import/export. Il permet aux douanes de chaque État membre d’identifier rapidement l’opérateur, de vérifier son statut (opérateur agréé, exportateur certifié, représentant fiscal) et de détecter toute tentative de fraude ou de contournement des réglementations en vigueur. Une fois attribué, le numéro EORI reste valable tant que l’entreprise est active et peut être réutilisé pour plusieurs filières ou sites d’exploitation.
Pour les entreprises françaises, le respect de l’obligation d’enregistrement EORI est une condition sine qua non à l’exportation ou à l’importation. Sans ce numéro, la douane française ou toute autre administration de l’UE refusera la déclaration en douane, entraînant un blocage immédiat des marchandises aux frontières. Ce refus peut générer des coûts d’entreposage inattendus, des retards dans les chaînes de production et une détérioration de la relation commerciale avec les clients ou fournisseurs étrangers.
À l’inverse, disposer d’un numéro EORI valide offre des gains significatifs en termes de traçabilité et d’efficacité administrative. Les opérateurs peuvent bénéficier de procédures simplifiées, comme la domiciliation douanière ou l’accès au statut d’opérateur économique agréé (AEO). Ces avantages se traduisent par des délais de livraison plus courts, des coûts administratifs réduits et une meilleure réactivité face aux contrôles ciblés. En conséquence, de nombreuses PME françaises ont intégré cette donnée clé dans leur ERP pour automatiser les échanges d’information et garantir une conformité continue.
Le dispositif EORI trouve son origine dans le règlement (UE) n° 312/2011, qui a instauré le Code des douanes de l’Union. Cette réforme majeure visait à regrouper l’ensemble des textes européens relatifs aux droits de douane, aux points d’entrée uniques et aux procédures simplifiées. En harmonisant ces aspects, le législateur a cherché à réduire les disparités nationales et à créer un environnement propice à la compétitivité des entreprises européennes sur la scène internationale.
Depuis la transposition de ce règlement, plusieurs évolutions ont été adoptées pour tenir compte de la montée en puissance du commerce électronique, de la nécessité de renforcer la lutte contre la fraude et de mieux intégrer les opérateurs tiers. Les évolutions nationales, notamment en France, se traduisent par des décrets réguliers précisant les modalités de délivrance et de contrôle du numéro EORI, ainsi que par des mises à jour du portail douane.gouv.fr pour faciliter l’expérience utilisateur.
L’expression « Economic Operator Registration and Identification » a été choisie pour refléter l’importance accordée non seulement à l’identification, mais aussi à l’enregistrement actif des opérateurs économiques. Avant le Code des douanes de l’Union, chaque État membre utilisait des systèmes disparates, souvent basés sur des numéros fiscaux ou commerciaux nationaux. Le règlement 312/2011 a instauré une base de données centralisée tenue par la Commission européenne, accessible en temps réel par les administrations douanières de tous les États membres.
En France, l’application de ce règlement a été précisée par le décret n° 2013-661 du 17 juillet 2013, qui a fixé les conditions d’attribution et de retrait de l’EORI. Depuis, la DGDDI (Direction générale des douanes et droits indirects) assure la gestion opérationnelle du dispositif, veille au respect des délais légaux et édite régulièrement des notes de service pour accompagner les professionnels dans leurs démarches.
L’EORI s’adresse à l’ensemble des opérateurs réalisant des opérations douanières, qu’ils soient établis dans l’Union européenne ou à l’étranger. Les entreprises hors UE souhaitant importer ou exporter via un État membre doivent également obtenir un numéro EORI, délivré par l’autorité douanière du premier pays de contact. Cette règle garantit une identification transparente de tous les acteurs, sans distinction de nationalité ou de statut juridique.
Plusieurs catégories d’opérations sont couvertes : les importations extracommunautaires (marchandises en provenance de pays tiers), les exportations vers ces mêmes pays tiers, ainsi que les réimportations et re-exportations. Les opérations de transit, qu’elles soient communautaires ou non, sont également concernées. Par exemple, un transporteur routier marocain transitant par l’Espagne vers la Belgique devra disposer d’un EORI pour chaque État membre traversé, ce qui permet aux douanes de tracer précisément les itinéraires empruntés.
Le numéro SIREN/SIRET attribué par l’INSEE et le numéro de TVA intracommunautaire sont des identifiants nationaux liés à l’entreprise et aux activités fiscales. L’EORI, quant à lui, se concentre exclusivement sur l’aspect douanier et transfrontière. Bien que la plupart des pays de l’UE prennent le SIREN comme suite de l’EORI pour les entreprises nationales, il ne s’agit pas du même usage : le SIREN sert à l’administration fiscale, alors que l’EORI relie cette entreprise aux procédures douanières.
Cette distinction est cruciale car, dans certaines situations, une entreprise peut être assujettie à la TVA dans plusieurs États membres sans pour autant réaliser d’opérations douanières. Inversement, un opérateur non assujetti à la TVA (par exemple une institution publique) devra néanmoins obtenir un EORI s’il importe ou exporte. La coordination entre les administrations douanière et fiscale est aujourd’hui facilitée par des échanges automatiques de données, mais chaque entité conserve son rôle spécifique.
Avant toute demande, l’entreprise doit démontrer son existence juridique en fournissant un extrait Kbis à jour ou un document équivalent pour les personnes morales. Cette étape garantit la légitimité de l’opérateur et évite l’attribution de numéros à des entités fictives. En parallèle, la possession d’un numéro SIREN valide est généralement requise pour les entreprises établies dans l’UE, bien que des dérogations existent pour certaines structures publiques ou associations sans but lucratif.
Pour les sociétés françaises, l’un des prérequis incontournables est la détention d’un numéro SIREN attribué par l’INSEE. Les travailleurs indépendants, les personnes physiques et les entités non commerciales doivent quant à eux justifier d’une immatriculation au répertoire des métiers ou d’un statut légal équivalent. Cette procédure de vérification vise à protéger le système douanier contre les fraudes et à garantir la traçabilité de toutes les opérations à caractère commercial.
En outre, l’entreprise doit disposer d’un compte bancaire professionnel en son nom et d’une adresse de correspondance claire. Ces informations, demandées lors de la constitution du dossier, permettent aux douanes de communiquer rapidement toute information relative à l’enquête douanière, aux demandes de complément ou aux notifications officielles. Un dossier incomplet peut entraîner un rejet de la demande et retarder l’attribution du numéro EORI.
La demande s’effectue exclusivement via le portail officiel des douanes françaises : douane.gouv.fr. Après création d’un compte professionnel, l’opérateur doit renseigner un formulaire CERFA dédié, accompagné des pièces justificatives suivantes : extrait Kbis de moins de trois mois, statuts de la société, coordonnées bancaires et justificatif d’adresse. La procédure a été rénovée en 2021 pour offrir une interface plus intuitive et des uploads de documents sécurisés.
Le dossier complété génère un accusé de réception électronique. À ce stade, la DGDDI vérifie la cohérence des informations fournies et contrôle la réalité de l’activité déclarée. Les agents peuvent demander des pièces complémentaires si le dossier présente des zones d’ombre, notamment lorsque l’opérateur déclare des activités de transit ou d’entreposage sous douane. Cette phase de vérification vise à prévenir toute tentative d’EORI multiple ou d’utilisation frauduleuse.
Le délai légal de traitement d’une demande de numéro EORI en France est généralement de 3 à 5 jours ouvrés à compter de la réception du dossier complet. En pratique, les demandes correctement constituées sont validées en 48 heures, la DGDDI disposant d’outils automatisés pour vérifier la conformité des numéros SIREN et la validité des pièces fournies. Une notification officielle est alors envoyée par courriel au demandeur, mentionnant le numéro EORI attribué et les modalités d’utilisation.
En cas de forte affluence ou de nécessité de vérifications approfondies, les délais peuvent être prolongés jusqu’à 15 jours ouvrés. Dans une situation d’urgence signalée (livraison urgente de matières premières, hospitalité de produits pharmaceutiques, etc.), il est possible de contacter directement le service des douanes compétent pour demander une prise en compte accélérée du dossier. Cette procédure exceptionnelle reste toutefois soumise à l’appréciation des services.
Les entreprises établies hors de l’Union européenne ne peuvent pas demander directement un numéro EORI via douane.gouv.fr. Elles doivent désigner un mandataire ou un représentant fiscal sur le territoire communautaire qui se chargera de l’enregistrement. Ce représentant, souvent un commissionnaire en douane, doit lui-même disposer d’un EORI pour agir au nom du tiers extra-UE. Un contrat de représentation légalisé et un mandat explicite sont alors exigés.
Dans ce contexte, les importateurs indirects font particulièrement usage de ce mécanisme : un opérateur tiers délègue à un mandataire local la responsabilité du dédouanement et, une fois le numéro EORI obtenu, peut réaliser des importations sans immatriculation directe dans l’UE. Cette solution offre une grande flexibilité, notamment pour les PME étrangères n’ayant pas d’établissement permanent en Europe, mais souplesse ne rime pas avec absence de rigueur : les mandats doivent être clairs et le mandataire se doit d’assurer une conformité totale.
Une fois le numéro EORI attribué, son utilisation quotidienne se décline principalement au travers des systèmes de déclaration en douane. Que ce soit pour une déclaration sommaire (DAU sommaire) ou une déclaration détaillée (DAU détaillée), l’opérateur doit mentionner précisément ce numéro dans les champs correspondants du système DELTA, ICS2 ou tout autre outil agréé. Cette information sert à l’identification immédiate de l’utilisateur et oriente le calcul des droits applicables.
L’intégration du numéro EORI dans les déclarations en douane peut être manuelle ou automatisée via des flux EDI (Échanges de Données Informatisées). Les grands groupes comme les chargeurs internationaux ont généralement développé des interfaces entre leur ERP (SAP, Oracle) et les plateformes douanières. Cette automatisation réduit considérablement les erreurs de saisie et accélère le traitement des déclarations, ce qui est essentiel pour les marchandises périssables ou les chaînes logistiques tendues.
Pour les PME, la saisie manuelle reste souvent privilégiée, d’autant que le portail DELTA Web propose des assistants de rédaction et des contrôles préalables pour détecter les anomalies. Les contrôles inopinés des douanes françaises révèlent que près de 12 % des déclarations saisies manuellement contiennent des erreurs liées à l’EORI, généralement dues à des inversions de caractère ou à l’oubli du code pays. Sensibiliser les équipes aux bonnes pratiques permet de réduire ce taux et d’éviter des pénalités.
Le numéro EORI est également le sésame pour accéder à des procédures douanières simplifiées. L’opérateur économique agréé (AEO), par exemple, nécessite un historique positif en matière de conformité douanière, souvent vérifié via le register EORI. Une fois le statut AEO obtenu, les entreprises bénéficient de facilités telles que l’accès prioritaire aux contrôles, la réduction du nombre de garanties financières ou des délais de mainlevée accélérés. En 2021, plus de 3 500 entreprises européennes disposaient du certificat AEO, toutes filières confondues.
De même, pour la domiciliation sous douane, le numéro EORI sert à l’identification de l’entrepôt agréé. Celui-ci peut alors stocker des marchandises en suspension de droits et taxes, offrant une flexibilité de trésorerie non négligeable. Ces solutions, combinées à l’EORI, constituent aujourd’hui des leviers majeurs pour optimiser la gestion des stocks et la planification des approvisionnements.
En cas de changement de raison sociale, d’adresse ou de forme juridique, l’opérateur doit notifier sans délai la DGDDI pour procéder à la mise à jour de son numéro EORI. Cette démarche s’effectue via le portail, en déposant un dossier comportant les nouveaux statuts, un nouvel extrait Kbis et un justificatif de siège social. Le numéro EORI demeure inchangé, mais les données attachées sont actualisées pour garantir la validité des déclarations.
Si l’entreprise cesse son activité ou transfère son siège hors de l’UE, une demande de radiation peut être formulée. La radiation du numéro EORI prive l’opérateur de la possibilité de réaliser des opérations douanières, ce qui est cohérent avec la réalité de son inactivité. Cette mesure évite également les fraudes post-clôture, où des tiers malveillants pourraient prétendre utiliser un numéro EORI attribué à une entreprise désormais dissoute.
Le respect des obligations liées au numéro EORI est scruté de près par les administrations douanières. L’absence ou l’utilisation d’un numéro EORI erroné conduit systématiquement au refus d’acceptation de la déclaration douanière. Dans la pratique, cette situation se traduit par un blocage immédiat des marchandises aux frontières, un préavis de détention pouvant atteindre 72 heures et des frais d’entreposage pouvant dépasser 200 € par jour. Les conséquences financières peuvent rapidement devenir significatives pour des biens de grande valeur ou périssables.
Lorsqu’une déclaration est déposée sans numéro EORI ou avec un numéro invalide, le système DELTA Web ou la plateforme EDI émet une alerte et rejette la déclaration. L’opérateur est alors contraint de reprendre le dossier, de corriger l’erreur et de ressaisir sa demande. Cette perte de temps peut compromettre le respect des délais contractuels et générer des surcoûts logistiques. En 2020, plus de 8 000 rejets ont été enregistrés en France pour ce motif, représentant un coût total estimé à 4 millions d’euros pour les entreprises concernées.
Au niveau européen, les douanes collaborent via le réseau E-customs pour remonter ces incidents et alerter les administrations nationales. Cette coopération permet d’identifier les opérateurs récurrents ayant des difficultés de conformité et d’engager des actions de sensibilisation ou des audits ciblés.
Le Code des douanes de l’Union prévoit des amendes pour non-respect des obligations d’enregistrement et d’identification. En France, l’article 301 bis du CGI prévoit des pénalités forfaitaires pouvant atteindre 7 500 €, auxquelles s’ajoutent des intérêts de retard et des frais de stockage. Dans certains cas, la mise en détention peut être prolongée jusqu’à résolution de la situation, entraînant des charges de gardiennage et de gardes accrues.
Outre les sanctions financières, l’opérateur s’expose à des mesures administratives comme la suspension temporaire du droit d’opérer en douane ou la mise sous vigilance renforcée. Ces procédures alourdissent encore le parcours de dédouanement et peuvent avoir un impact sur la réputation de l’entreprise, notamment dans les secteurs sensibles comme la pharmacie, l’alimentaire ou les produits chimiques.
Plusieurs décisions récentes illustrent la rigueur des autorités. Dans une affaire jugée en 2022, une PME toulousaine spécialisée dans l’import de composants électroniques a été condamnée à une amende de 5 000 € pour avoir utilisé un numéro EORI obsolète depuis près de six mois, ce qui avait entraîné la saisie provisoire de plusieurs lots. Le tribunal administratif de Toulouse a souligné l’obligation de veille permanente pesant sur l’opérateur.
Un autre cas concerne une grande surface de bricolage multinationale dont la filiale française a encouru une pénalité de 12 000 € pour avoir omis de notifier une fusion et un changement d’adresse, laissant ainsi le numéro EORI rattaché à une ancienne entité. Ces exemples démontrent que la nonchalance ou la négligence ne sont pas tolérées et que des procédures de suivi interne sont indispensables pour se prémunir contre de tels aléas.
Pour optimiser la gestion du numéro EORI, il est conseillé d’intégrer cet identifiant directement dans le système d’information de l’entreprise. Centraliser les données EORI, ainsi que leur historique de modifications, dans l’ERP permet de générer automatiquement des alertes en cas de date de révision prochaine, de changement de statut ou d’obligation de mise à jour. Cette approche garantit que toutes les déclarations émises sont conformes et évite les erreurs de dernière minute.
La mise en place d’un module dédié à la gestion douanière dans l’ERP s’inscrit dans une stratégie globale de digitalisation et de contrôle interne. Il permet de coupler le numéro EORI aux articles concernés, aux modalités d’incoterms et aux codes de nomenclature douanière (NC8). Grâce à cette intégration, chaque expédition ou importation déclenche automatiquement un contrôle de cohérence, avec la génération de rapports de conformité accessibles à tout moment aux équipes douane et logistique.
Par ailleurs, la mise en place d’un dashboard centralisé facilite le pilotage des opérations. Les indicateurs clés (KPI) peuvent inclure le taux de conformité des déclarations, le délai moyen d’obtention du numéro EORI et le nombre de notifications de mise à jour à effectuer dans les 30 prochains jours. Ces outils de pilotage renforcent la transparence et la réactivité face aux évolutions réglementaires.
Au-delà de la technique, la dimension humaine demeure essentielle. Sensibiliser les services douane, transport et comptabilité aux enjeux de l’EORI garantit une vigilance collective. L’élaboration de procédures internes — mode opératoire EORI — doit décrire les étapes de demande, les interlocuteurs responsables, la veille à conduire et les actions à engager en cas de changement de situation juridique. Ces modes opératoires, validés par la direction, constituent un référentiel pour toute nouvelle recrue ou tout changement de process.
Des sessions de formation régulières, couplées à des mises en situation et à l’analyse de cas concrets, permettent de renforcer les bonnes pratiques. En impliquant les équipes transversales, on crée un réflexe de vérification systématique du numéro EORI lors de chaque nouvelle entrée ou sortie de marchandises, réduisant ainsi le risque de litige avec les douanes.
La réglementation douanière évolue régulièrement, notamment en lien avec les grands projets européens de digitalisation. Il est donc crucial de suivre les publications de la DGDDI, de s’abonner aux newsletters officielles et de consulter les bases de données juridiques comme EUR-Lex. La mise en place d’une cellule de veille interne, ou le recours à un prestataire spécialisé, permet d’anticiper les changements et de préparer les mises à jour nécessaires.
L’exercice consiste également à surveiller les initiatives sectorielles : par exemple, le déploiement progressif d’ICS2 pour le fret aérien ou l’évolution de DELTA vers une plateforme unique pour l’ensemble des modes de transport. Ces programmes auront un impact sur les champs à renseigner dans les déclarations et sur les fonctionnalités offertes aux opérateurs au travers de leur numéro EORI.
Le numéro EORI joue un rôle transversal dans l’écosystème douanier et fiscal. Il est souvent le point d’entrée pour l’ensemble des procédures obligatoires, qu’il s’agisse de la déclaration de TVA intracommunautaire, de la Déclaration d’Échanges de Biens (DEB) ou de la gestion des Incoterms. Comprendre ces interactions permet de fluidifier les processus et de minimiser les redondances administratives.
Lorsqu’une entreprise réalise des livraisons intracommunautaires, elle doit déclarer le montant total des opérations dans sa déclaration de TVA (formulaire CA3 en France). Le numéro EORI, bien que non directement exigé dans le cadre de la TVA, facilite la coordination entre les services douaniers et fiscaux. En effet, les données d’EORI sont parfois croisées automatiquement avec celles de la DGFiP pour vérifier la cohérence des chiffres et détecter d’éventuelles omissions.
En cas de contrôle fiscal, la mention d’un EORI valide renforce la crédibilité des échanges intracommunautaires et peut réduire la probabilité d’un redressement, surtout lorsque les montants déclarés sont élevés ou que le secteur d’activité présente un risque de fraude traditionnel.
La DEB constitue une obligation mensuelle pour tout opérateur dont le chiffre d’affaires intracommunautaire dépasse 460 000 €. Le numéro EORI, bien qu’il ne figure pas explicitement sur le formulaire DEB, est néanmoins intégré dans les systèmes portails des services statistiques et douaniers. Les administrations utilisent cet identifiant pour consolider les flux et générer les indicateurs de suivi des échanges intra-UE.
Une mauvaise correspondance entre le numéro EORI et les flux DEB peut conduire à des notifications de régularisation ou à des demandes d’information complémentaires. Ces retards peuvent devenir critiques lorsque les volumes sont importants ou que les opérateurs figurent parmi les plus gros contributeurs aux statistiques nationales.
Les Incoterms définissent la répartition des coûts, des risques et des obligations entre le vendeur et l’acheteur. Le choix de l’Incoterm influe directement sur l’obligation d’obtenir un numéro EORI : sous un terme « DAP » ou « CIF », c’est le vendeur qui prend en charge les formalités douanières, et donc qui doit fournir l’EORI. En revanche, sous un Incoterm « EXW », l’acheteur, établi en Europe, doit souvent demander son propre numéro EORI pour importer les marchandises.
Une confusion sur ce point peut entraîner des situations où ni le vendeur ni l’acheteur n’a anticipé la démarche, générant un blocage des flux au point d’entrée. La coordination contractuelle est donc essentielle pour clarifier dès la négociation qui est responsable de la déclaration en douane et de l’enregistrement EORI.
Le statut d’opérateur économique agréé (AEO) requiert un historique de conformité établi via le registre EORI. Un numéro EORI fiable et à jour est l’une des conditions pour déposer un dossier de demande AEO. Une fois agréé, l’opérateur bénéficie d’allègements fiscaux et sécuritaires, tels que des contrôles ad valorem réduits et une reconnaissance internationale croissante.
La mise en place de dispositifs de sûreté, comme le certificat OEA Sûreté/Sécurité (OEA FS), s’appuie également sur le numéro EORI pour vérifier l’identité et la fiabilité des opérateurs. Ces deux statuts (AEO Customs et AEO Security) sont complémentaires et renforcent la confiance des partenaires commerciaux, surtout dans les filières sensibles ou à forte valeur ajoutée.
L’avenir du numéro EORI s’inscrit naturellement dans le mouvement de digitalisation et d’interopérabilité des systèmes douaniers. Le passage progressif à ICS2 pour le fret aérien et la convergence des plateformes DELTA, PURES et CHED Online témoignent de cette volonté de créer un guichet unique européen. À terme, l’objectif est de disposer d’un EORI « vivant », synchronisé en continu avec les registres commerciaux et fiscaux, capable de déclencher des mises à jour automatiques en cas de modification de l’entité juridique ou de son périmètre d’activité.
Par ailleurs, l’intégration des technologies de blockchain et d’intelligence artificielle ouvre des perspectives pour renforcer la traçabilité et la lutte contre la fraude. Des prototypes expérimentaux, menés en collaboration avec plusieurs États membres, visent à associer l’EORI à un registre immuable des transactions, garantissant une transparence totale et une réduction des litiges liés aux origines de marchandises. Ces initiatives devraient progressivement se déployer à l’horizon 2026.
Enfin, le renforcement des contrôles douaniers, dans un contexte de lutte accrue contre le terrorisme et le trafic illicite, fait de l’EORI un pilier stratégique. Les données consolidées à l’échelle de l’UE permettront une analyse prédictive des risques plus fine et un ciblage des opérations à haut risque, sans pénaliser les opérateurs les plus vertueux. Pour les entreprises, la perspective est claire : le numéro EORI ne sera plus seulement un identifiant administratif, mais un levier d’excellence opérationnelle et de conformité globale.